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Dans l'enfer du feu de Landiras



Pascal LÉONARD, sapeur-pompier volontaire au sein de l'unité opérationnelle des étangs, a été engagé la semaine passée sur la reprise de l'incendie de Landiras, en Gironde. Il revient sur cette incroyable expérience.


Était-ce ta première expérience de lutte contre les feux de forêt ?

Non c'est la seconde fois que je pars dans le Sud. La première fois c'était dans le Var, il y a cinq ans, en 2017.


Comment as-tu été engagé sur le feu de Landiras ?

Comme chaque année, étant équipier feu de forêt, je m'inscris sur une liste de volontaires pouvant être sollicités pour aller combattre les incendies dans le Sud. Cette année, j'ai été mis en préalerte le mercredi et je suis parti le dimanche suivant, le 7 août. Je venais tout juste de prendre mes congés d'été puisque j'ai effectué mon dernier poste le vendredi 5 août. Au total, nous étions 16 pompiers de la Moselle à rejoindre la Gironde en camions. Le périple a duré 15 heures.


Quelles ont été vos missions sur place ?

Le lendemain de notre arrivée, le lundi, nous avons éteint des reprises de feu. Si j'ose dire cela a été une mise en bouche par rapport à ce qui nous attendait ensuite puisque le lendemain nous avons été engagés dès 9h du matin sur un immense feu à Hostens. Nous devions établir une ligne d'arrêt c'est à dire que positionnés sur une route, nous devions stopper le feu qui avançait vers nous pour l'empêcher de traverser la route et donc de progresser. Mais il était tellement puissant que par trois fois il est passé au-dessus de nous. Il a ravagé 6 000 hectares en 24 heures, c'est l'équivalent de six fois le ban de Saint-Jean. Partis le mardi à 9h, nous ne sommes seulement rentrés que le mercredi à 8h du matin pour être renvoyés une nouvelle fois sur le terrain de 14h jusqu'à 23 h où nous avons été engagés en urgence sur la commune de Belin-Bélier pour protéger le village qui était menacé par les flammes. La situation était tellement "chaude" qu'il y avait un camion de pompier positionné devant chaque maison.

La nuit a été courte puisque le jeudi à 4h du matin nous étions une nouvelle fois envoyés à Belin-Bélier pour protéger un quartier menacé.


Cela devait être très éprouvant ?

Effectivement, on a dormi sept heures en trois jours. Ce feu n'avait rien à voir avec celui que j'avais pu rencontrer dans le Var, où il s'agissait principalement de feux de broussailles. En Gironde, ce sont d'immenses pins qui brûlaient et lorsque le pin s'embrase, cela dégage une terrible chaleur qui, ajoutée aux 35 ou 40 °C ambiants, était difficilement supportable. En plus de cela, nous avons été confrontés à des vents dont la direction ne faisait que de changer ce qui déstabilisait les dispositifs mis en place et nous devions donc sans cesse nous repositionner.


Que retiendras-tu de cette expérience ?

D'un point de vue opérationnel, c'était incroyable. Jamais je n'avais vu un feu tel que celui-là dont le front de flamme s'étendait sur des kilomètres. Même les plus aguerris d'entre-nous n'avaient pas souvenir d'un feu d'une telle ampleur. D'ailleurs, ce feu nous le surnommions le monstre parce qu'il ne laissait rien sur son passage.

Du point de vue humain, cela a été exceptionnel. Exceptionnel car le groupe que nous formions était vraiment très soudé, nous avions une super cohésion, c'est d'ailleurs ce qui nous a permis de tenir dans les moments difficiles. Et puis les habitants, là-bas, étaient vraiment très gentils et très généreux, ils nous ramenaient à boire, et de la glace pour nous rafraîchir. Il y avait un très grand élan de solidarité envers nous les pompiers puisque des dons ont été faits par des entreprises et des grandes surfaces pour nous sustenter. Il faut dire que sur le camp de base à Hostens nous étions 1 000 pompiers, venus de toute la France.


Si c'était à refaire ?

Je repars tout de suite. Nous sommes rentrés samedi après-midi après un voyage en bus qui aura duré 15 heures. Depuis j'ai pu récupérer et suis en pleine forme donc si jamais on a besoin de moi, je suis complètement partant.





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